Article 1
08 mars 2023
Universel et individuel, éternel et temporel sont les oxymores qui motivent la naissance de Maison Héliora, l’extraordinaire projet de l'artiste et designer d’Hanna, l’esprit et la main derrière ces créations originelles. Des bijoux talismans, haut de gamme, en porcelaine, entièrement faits à la main, en Provence.
Chaque scarabée raconte son histoire personnelle et à la fois laisse la place à qui le porte de s’imaginer sa propre histoire. La singularité est la qualité que la créatrice a voulu encapsuler dans ces précieux talismans. C’est la singularité même qui a inspiré ce projet : l’idée de partager notre propre individualité pour ainsi créer une communauté.
“Maison Héliora est une philosophie de vie, elle célèbre et rend hommage à la Femme à travers ses Scarabées tous fabriqués à la main et d’une manière éthique.”
Héliora trouve son origine dans la tradition. Le nom même est une célébration des femmes, unifiant le nom de la déesse Héméra, la déesse du jour et de Héra, reine des dieux et protectrice des femmes. La tradition grecque nous restitue à travers une mythologie prolifère, des nombreux personnages féminins qui nous sont nécessaires pour nous inscrire en tant que femmes modernes dans notre histoire.
La femme dans la mythologie grecque
La mythologie n’est pas qu’un recueil de fables, contes fantastiques sans lien avec la réalité, mais elle reflète la culture à laquelle appartient. Les histoires racontent la société, non pas comme un miroir fiable, mais elles contiennent suffisamment d’éléments pour restituer une vision de la société de l’époque dans laquelle cette mythologie origine.
Alors, que nous racontent le mythe du Jugement de Paris, l’histoire d’Hélène de Troie ou encore de Médée ou de Pandora ? Ces légendes dépeignent la femme en tant que manipulatrice, égoïste et déshonnête, voulant ainsi avertir la société des conséquences inévitables si les femmes gagnaient indépendance et pouvoir. Une sorte de memento qui reflète une société grecque patriarcale.
Le mythe de Pandora a comme protagoniste une femme qui est chargée de la responsabilité d’avoir affligé la société entière du mal. Elle est une femme trompeuse et manipulatrice, mais ces caractéristiques sont partagées par les déesses aussi : Aphrodite, par exemple, est souvent décrite comme étant une conspiratrice. Elle représente la peur des hommes : indépendante, belle et consciente de son pouvoir sur les hommes. Elle est d’une certaine manière la première « femme fatale » utilisant sa beauté et son pouvoir de séduction pour affirmer son pouvoir sur les hommes-victimes. Pour citer un autre exemple, Hélène de Troie instigue la jalousie, la haine et le conflit entre deux hommes qui se transforment en une guerre décennale entre deux peuples, dont elle seule va porter sur ses épaules la responsabilité. De l’histoire du Jugement de Paris, qui a comme protagonistes trois déesses, émerge un portrait de la femme comme vaniteuse et sournoise. Les dénouements si néfastes de ses histoires où la femme détenait le pouvoir (si même qu’en partie) démontrent assez clairement la volonté de l’élite grecque de préserver une structure sociale et politique patriarcale, où les femmes n’ont pas d’indépendance ni de voix.
Néanmoins, la mythologie grecque nous restitue des portraits de femmes en tant que héroïnes ou déesses qui restent des modèles à étudier et admirer. Pandora, première femme mortelle, responsable d’avoir libéré tous les maux de l’humanité dans le monde, elle fait preuve aussi de curiosité et de courage. À Hélène de Troie, on attribue le déclenchement de la guerre de Troie, et pourtant, c’est une femme qui a su choisir pour elle-même, suivant l’amour avant tout. L’épouse d’Ulysse, Pénélope, est un exemple de fidélité conjugale, d’indépendance et d’astuce pour avoir élevé seule son fils, pendant 20 ans, et s’être servie de son intelligence afin de rester fidèle à ses valeurs. Atalante, autre héroïne grecque, chasseuse renommée et rapide, est célèbre pour avoir tué les deux centaures qui avaient tenté de la violer. Clytemnestre, Danaé, Ariane, Daphné, et beaucoup d’autres encore sont des exemples de femmes qui émergent d’une société (fictive et non) strictement patriarcale, et néanmoins elles possèdent des qualités admirables (force, courage, intelligence, passion, etc.) grâce auxquelles elles s’émancipent d’un monde régit par les hommes et nous restituent des modèles féministes qui résonnent encore aujourd’hui.
Une héroïne contemporaine
Que les histoires de ces femmes mythiques soient encore si contemporaines de nos jours, nous indiquent que l’inégalité décrite dans ses contes est encore très réelle et loin d’être reléguée à un passé légendaire. Le monde occidental, après des siècles de disparité a été théâtre d’une période marquée par des objectifs et des victoires importants pour le féminisme, qui grâce à des décennies de luttes, a réussi à rapprocher le concept d’égalité des sexes de celui de réalité. Dans cette journée internationale des femmes, nous célébrons ces triomphes, mais nous n’oublions pas le poids du chemin que notre société doit encore parcourir pour vaincre toutes les formes de discrimination et de violence dont les femmes souffrent encore aujourd’hui.
Pendant toute son histoire, la femme a dû respecter des idéaux sociétaux, les devant incarner sans jamais pouvoir les définir. Aujourd’hui nous luttons pour être les héroïnes d’histoires écrites par nous-mêmes, pour déterminer nos valeurs, nos désirs et notre futur.
La route contre l’inégalité est encore très longue. Nous pourrions croire avoir déjà gagné, avoir déjà obtenu cette parité, si notre vie nous a accordé le privilège d’en avoir le ressenti. Mais le 8 mars ne célèbre pas l’individualité, mais les femmes du monde entier. Nous devons honorer cette communauté à laquelle nous appartenons et nous battre pour que l’égalité ne soit pas un privilège.
La créativité dans la solidarité féminine
L’art a sa place dans cette lutte. La créativité et la passion, la détermination et l’originalité des initiatives peuvent construire et renforcer cette communauté. D’un petit projet individuel peut naître une collaboration entre femmes, un échange d’histoires et d’idées qui vont nous enrichir, vont nous faire sortir de notre point de vue et admirer un paysage beaucoup plus vaste à travers des regards multiples.
Célébrons cette journée avec la promesse de tendre la main à une autre femme et d’écouter son histoire.
Texte écrite par la rédactrice talentueuse @eleonoracerasoli
photos: @greekmytholoqybc; Hélène à la Porte Scee (Helen at the Gate Scee) Gustave Moreau1880 , source: musee-moreau.com
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